Onirine
Davide Giglioli, roman, Cousumouche 2019
Depuis quelques années déjà, l’Onirine se vend avec succès sur le marché pharmaceutique suisse. Pourtant, il est soudainement pointé du doigt, suite à d’étranges accidents survenus chez des patients soignés avec ce médicament expérimental.
Que se passe-t-il donc ? Que faire ? Qui a intérêt à l’interdire ou au contraire à le protéger ? Et pourquoi ?
Ueli Regli, détective reconnu de la Confédération, est appelé à résoudre ce problème délicat et à faire toute la lumière sur ces événements.
Voilà bien un roman quelque peu fantasque, tout à la ressemblance de son auteur, Davide Giglioli. Ce polar, rapidement emballé, vite lu, mais avec un réel plaisir, est écrit en répliques loufoques et logiques tout à la fois. Le scénario au style bien rythmé, emmène le lecteur dans une affaire vite réglée, ce qui n’empêche pas une intrigue bien ficelée et un dénouement des plus improbables. Et un délicieux petit final de l’auteur pour nous amuser.
Un récit à ne pas prendre au sérieux, mais à avaler sans modération. De quoi passer un bon moment, la tête et le cœur légers. Recension Marylène Rittiner
Extrait : p. 11-12
- Bonjour !
- Que puisje pour v… ?
Le regard de mademoiselle Lombard se fixe sur le visage souriant de monsieur Claube.
Et sur ses lunettes.
Et sur l’absence de tout autre vêtement.
Mademoiselle Lombard vient de perdre son magnifique sourire d’apprentie.
Et c’est seulement son premier jour de travail chez UBS.
Monsieur Claube lui tend une petite pancarte, encore et toujours en souriant.
Mademoiselle Lombard se lève, va voir monsieur Grelain, responsable d’agence, occupé dans l’arrière-bureau.
- Monsieur Grelain…
- Ditesmoi, Mademoiselle Lombard, répond-t-il sans se tourner, la tête penchée dans ses dossiers.
- Il y a un monsieur avec des lunettes.
- Et… ? demande- t-il distraitement.
- Et c’est tout.
Monsieur Grelain pense que c’est le moment de se tourner.
Il le fait.
- Comment ça : c’est tout ? Il veut quoi ce monsieur ?
- Non, c’est tout ce qu’il porte.
Monsieur Claube continue à sourire devant le guichet.
Monsieur Grelain lève ses yeux vers les écrans de la vidéosurveillance.
- Mademoiselle, il a aussi des chaussettes !
- Oui, Monsieur. Je suis désolée, Monsieur Grelain et il m’a donné ça.
Mademoiselle Lombard tend la petite pancarte à monsieur Grelain qui lit :
- « Un Miliaun de Franks », et des gribouillages infantiles. Appelezmoi la sécurité.
Des pas cadencés résonnent dans le hall de marbre. Les agents, discrètement, conduisent monsieur Claube dans un petit bureau à l’écart des yeux indiscrets.
Lui, il sourit et se laisse emmener.
Il crie seulement plusieurs fois : « Tous à poils ! »
Les autres clients observent.
Il fait froid dehors, il neige.
Et ils enfoncent leurs mains dans les poches de leurs lourds manteaux.
Avec des frissons.