Editions PLF (Presses littéraires de Fribourg), 2021
Antoine Dargaud, jeune ingénieur en informatique, a conçu «Ethics », un logiciel de trading hautement performant. Grâce à ce robot intelligent et autonome, la startup pour laquelle il travaille avec Alex, son associé et ami, « est devenue une société de référence dans la place financière de Genève. » (p.18)
Les prouesses d’Ethics lui valent de devenir rapidement convoité par le milieu. La presse également s’intéresse à ce phénomène financier. Cependant, le développement de l’entreprise est mis à mal par des rumeurs d’escroquerie. Sont-elles véridiques ? D’où viennent-elles ? D’un concurrent jaloux ? D’une taupe ? Quelqu’un aurait-il un intérêt à torpiller Ethics ? Et si oui, pourquoi? L’entêtement d’Antoine à préserver son robot le poussera, malgré lui, vers une situation périlleuse pour lui-même et pour son entourage. Parviendra-t-il à tout sauver ?
Avec son roman La faille Ethics , Laurent Jayr nous emmène dans un monde où l’argent et son pouvoir mènent la danse au travers du trading. Toute l’intrigue tourne autour de ce logiciel étrangement humain et qui se veut « éthique », d’où son nom. En effet, son intelligence artificielle est dotée d’une conscience et d’une composante « empathique » qui bloquent les malversations. Faut-il dès lors s’étonner que plus d’un s’y intéressent vivement ?
Une histoire bien ficelée dans laquelle évoluent des personnages sans scrupules, pour qui calcul et froideur restent la recette du succès. Chez d’autres heureusement, l’amitié et l’amour ressurgissent dans cet univers d’indifférence où les protagonistes peinent à dévoiler leurs sentiments.
Tout au long de son récit, l’auteur brouille habilement les pistes des fauteurs de troubles. Ainsi, le suspense est assuré jusqu’au dénouement, totalement inattendu.
L’écriture est facile à suivre, hormis, peut-être pour quelques-uns, les termes techniques et les répliques en anglais.
Et au vu de son vocabulaire boursier bien étoffé, Laurent Jayr est assurément un passionné en la matière. À n’en pas douter, un plaisir pour les initiés. Quant aux profanes, ils en apprendront un peu plus sur le sujet…
À l’évidence, La faille Ethics peut rejoindre les excellents polars.
Recension Marylène Rittiner
Extrait p. 208-209
- Je ne comprends pas. Où veux-tu en venir ? Ethics n’est pas un accident. Il est la solution.
- Ton robot est peut-être exceptionnel, mais il fait partie de ce club. Il contribue au système. Il est dangereux.
- Tu exagères.
- Antoine, je te le demande une dernière fois. Vendons tout à Xoras et passons à autre chose. Démarrons un nouveau projet. Avec cet argent, développons quelque-chose de plus utile, loin de la finance ! Un projet qui nous rendra fiers tous les deux de ce que nous faisons.
Antoine fait un pas en arrière, contourne la statue, puis tourne le dos à son ami.
- Je ne laisserai pas tomber Ethics.
Alex s’écarte à son tour de la statue. Une contraction de dégoût se dessine sur son visage.
- Mais réveille-toi, mon vieux ! Ce n’est qu’un programme. Il n’est pas vivant ! Ne gâche pas toute ton existence pour quelques lignes de code. Ce ne sont que des instructions, des itérations, des algorithmes, du code machine ! Il n’y a rien de réel dans ton putain de robot ! Tout est virtuel. Et il n’est pas si important. Dans moins de deux ans tout le monde l’aura oublié et toi le premier.