Je m’appelle Jennylyn, Francis Bonca

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Je m’appelle Jennylyn

 

Francis Bonca, roman Editions Plaisir de Lire  Lausanne, 2017

 

Jennylyn  est l’enfant d’un amour bref.  Elle est élevée par sa mère dans une famille aimante avec son beau-père et ses grands-parents. Malgré cet entourage, son père, qu’elle n’a pas connu, lui manque. Depuis  toute petite, elle le « rêve », l’imagine et créée toute une légende autour de lui. Au seuil de ses vingt ans, elle décide de partir  à sa recherche. Les indices sont maigres : Mikhaïl Vidal a vécu quelques semaines avec sa mère avant de mettre brusquement fin à leur relation par une lettre ; commençant une carrière littéraire, il voulait s’y consacrer entièrement. Il ignorait qu’elle était enceinte et n’a jamais essayé de la revoir.  

 


L’enquête de  Jennylyn  commence  à Paris et se poursuit  à  Prague, Vienne et Odessa.
La jeune femme va s’approcher progressivement de son père  à travers le récit de personnes qui ont connu ses deux parents, les Wieland. Des hommes et des femmes lui partagent leurs souvenirs, l’aidant à construire une image de lui plus réaliste. Un jour, elle retrouve la trace de Simon Bloch qui a bien connu Mikhaïl. Ce dernier la dirige vers un lycée à Odessa. Jennylyn  sent que la fin de sa quête est proche et s’en réjouit. Mais son père ne s’est pas présenté à  la rentrée des classes,  et n’a donné aucun signe de vie. Il faudra atteindre  encore de longues semaines avant que la police retrouve sa trace dans un hôpital ukrainien.

 


Mikhaïl Volokov avait pris le patronyme de Vidal, son père présumé. Ce dernier,  décédé avant qu’il ait pu faire sa connaissance, lui avait aussi manqué.  Ainsi, cet homme tant recherché, et sa fille dont il ignorait l’existence avant leur rencontre vont se retrouver dans une même quête.

 


Cette histoire, écrite en « je », dépeint en parallèle de la recherche d’un père, le monde de la jeune genevoise qui s’ouvre à mesure de son envol vers une certaine liberté, ainsi : de nouvelles amies, dont Julie passionnée par ses recherches ; l’agonie d’un amour déjà tiède qui ne résistera pas à l’éloignement;  la preuve renouvelée de l’affection et du soutien indéfectible de sa famille, malgré les questions que sa démarche suscite et le dévoilement progressif du monde de Mikhaïl Vidal, le premier amour de sa mère.

 

Une aventure humaine écrite avec finesse. Un ouvrage très agréable à lire.

Rédigé par Anne-Catherine Biner

 

 

Extrait page 184

 

J’ai maintenant un père qui existe bel et bien. Il aura fallu vingt ans pour le rencontrer. Qu’importe tout ce temps. C’est comme si ce père était parti pour un long voyage, avant ma naissance, et qu’il était maintenant de retour. Comme Ulysse ! J’apprends à l’aimer chaque jour davantage. Lui est fier de moi. Il m’aime, et cela ne fait aucun doute. Je suis chaque fois touchée lorsque je l’entends parler de moi et dire « ma fille ». Je vais attendre le printemps à Odessa — il commence tôt ici, bien plus tôt qu’en Suisse — avant de rentrer à Genève et de m’inscrire à l’Université pour la rentrée d’automne. Après ma maturité, j’avais opté pour le français, la philosophie et l’anglais.  Je vais maintenant modifier le programme et remplacer l’anglais par le russe.

 

L'auteur

 

Pierre von Gunten, alias Francis Bonca est né en 1946  Tavannes. Le jeune homme entreprendra des études musicales au Conservatoire de Bienne et dirigera des choeurs et orchestres durant presque cinquante années. Parallèlement  à cette activité, il a toujours peint. Au début des années nonante,  il commence a écrire et prend le pseudonyme de Francis Bonca, patronyme de Francis Bacon qu'il admire. Je m'apelle Jennylyn est son troisième ouvrage.