« Rebetez » est son nom de « jeune fille ». Née dans le Jura-Sud, ayant grandi aux Franches-Montagnes, elle vit aujourd’hui à Courtételle, à côté de Delémont.
Son parcours d’écriture
Depuis plus de trente ans, Monique Rebetez corrige pour les autres. Un client la met un jour au défi : «Très bien, vos remarques, vos suggestions. Mais si vous faisiez quelque chose, vous ? ». Alors elle s’y met. Pour voir. Il y a cinq ans, elle commence son premier roman « Passage de la Déroute », qui est publié par les Éditions Favre en 2018.
Ce qui l’inspire
Monique Rebetez dit aimer les histoires simples des petites gens. Des histoires « à la Pagnol » ou « à la Maupassant ». Là ou un non-dit, une lettre qui n’arrive pas, une rencontre font basculer les vies et les destins.
Cette touche-à-tout aurait aimé être paysanne : « c’est le plus beau mot de la langue française ; c’est peut-être aussi le métier le plus exigeant ». La vie a décidé autrement. Elle travaillera avec le verre – qui ne permet aucune imprécision. Et surtout avec la langue française qu’elle enseigne, passant des cadres des RH aux migrants. Cette langue qu’elle corrige aussi (dans des domaines très divers – du journal Rataplan aux rapports de la finma). Ses divers autres engagements – elle fut secrétaire et correspondante de presse – lui apprirent l’efficacité, la concision.
Elle a le souci du mot juste. Son écriture est fluide, précise. Les paysages qui bordent ses routes et ses déroutes sont omniprésents. Elle les raconte de façon subtile et douce.
Sa première grosse impression : Thérèse Raquin (Émile Zola), qu’elle pique dans la bibliothèque paternelle à 12 ans.
Son dernier coup de cœur : Sur cette terre comme au ciel (David Enia)
Auteurs dont elle a toute la bibliographie : Virginie Despentes, Michel Houellebecq, Benoîte Groult, Atiq Rahimi, Raymond Carver, Sylvain Tesson, Francesca Melandri, entre autres.
Sur sa table de nuit en ce moment : We Demain, numéro 22, La nausée (Sartre), Poésies (Mallarmé), son brouillon de prochain roman.
Le livre qu’elle emporte sur l’île déserte : le dictionnaire.
Passage de la Déroute…
… est un récit autour de la filiation, une intrigue qui fait se rencontrer quatre personnages tout au nord du Cotentin. Ces quatre destins individuels se mêlent à la grande Histoire, celle qui a marqué le XXe siècle de cette région avec, entre autres, le Débarquement puis le nucléaire.
Extrait
« L’après-midi n’était qu’entamé, ça laissait le temps d’aller voir quel genre de bateaux mouillaient dans le plus petit port de France. Il reprit la direction du nord puis, après les kilomètres de laideur de l’usine de retraitement, il reconnut Auderville et sa Malle aux Épices, obliqua à droite, direction Omonville, et arriva en bordure de mer.
Les massifs d’hortensias avaient perdu leur bleu, leur rose et leur mauve, ils étaient d’un gris blême ou d’un beige fade.Tout ici n’était que rondeur et douceur : les criques et le voisinage rassurant de leurs ports, les vaches sur le sable, les mouettes dans les prés, les îlots de granit, les méandres de la route, l’arc-en-ciel sur Port Racine. Un tout petit port grand comme une piscine. Deux digues, trois ou quatre barques suspendues à des amarres tendues de part et d’autre d’une jetée de pierres ocre, sur une mer plate. On était loin des fureurs du Raz Blanchard, pourtant tout proche, juste de l’autre côté. Au gré des nuages, du soleil et du vent, ce pays pouvait se décliner infiniment et s’imaginer en désert, avec ses sables dorés et ses agaves, en lagune tropicale où marinent les palmiers dans le balancement des marées, en garrigue sèche parsemée de haies rêches, et aussi en hiver féroce, avec ses piquets à huîtres plantés comme des claires- voies pour briser l’élan de la mer et empêcher les menées sur la berge. Un pays de bateaux volages tendus sur des fils de funambule, dans de petits havres aux reflets irisés. Un pays pour se vider la tête. »
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