L’amour entre deux êtres est-il possible lorsque tout les oppose ? Comment s’aimer envers et contre tous ? Manuela Gay-Crosier nous emmène à travers l’histoire passionnelle d’une jeune servante et d’un jeune noble et qui se situe au 15ème siècle. Enfants, ils se lient d’amitié, se perdent, se retrouvent à l’âge où tous les sentiments éclosent à la vie.
Lorsque le décor est planté, l’auteure nous entraîne lentement dans l’existence d’Hélène, prenant plaisir à nous conter la vie simple de cette jeune fille fougueuse, hardie, mais droite et raisonnable. Il n’y a finalement que son amour inconditionnel pour Pierre qui lui compliquera la vie, lui fera perdre pied et la retranchera dans des décisions insensées. Le cœur du récit se situe au moment où les deux personnages principaux se retrouvent, après dix ans de séparation. Là, la trame se resserre et nous emporte dans ses tourbillons d’incertitudes face au destin de Pierre et d’Hélène. Tout se mélange : joie, émoi, passion, peur, jalousie, douleur, trahison, solitude, puis, rejet, abandon et détresse extrême.
Même si le thème n’est pas nouveau, on dévore ce roman pour plusieurs raisons : l’intrigue, le suspens, l’écriture pleine d’émotions, les dialogues captivants, et le tout, dans un contexte historique. Alors, pourquoi s’en priver ?
Présentation et extrait: Marylène Rittiner
Extrait pages 153- 154 chap. 17 (Les retrouvailles)
- Moi, je n'ai rien oublié, sais-tu? Tous ces moments passés en ta compagnie ont adouci mes années d'exil. Vraiment, je suis sincère. Ton visage est dubitatif. Il me suffisait de repenser à toi pour me redonner du courage lorsque la vie me semblait dure à supporter. Ne me dis pas que tu as tout oublié, Hélène, voyons! Allons, Hélène! Où est la petite fille insolente et effrontée que j'ai connue, qui m'envoyait au diable dès que cela lui chantait? Pourquoi es-tu fâchée? Tu sembles en colère. Reste un moment, j'aimerais qu'on parle. Il s'était levé pour s'approcher d'elle.
- Votre Seigneurie m'excusera mais on m'attend en bas, au quartier des domestiques, le labeur ne manque pas et je n'ai que trop tardé...
- Tu dis ne te souvenir de rien, c'est ça!
Hélène, rougissant jusqu'à la racine des cheveux tentait bravement de soutenir le regard amusé du jeune homme qui caressait lentement la petite pierre d'ambre, la réchauffant à son contact. De nombreuses années aurapavant, la jeune femme avait pris soin de l'attacher à son cou au moyen d'une petite cordelette de cuir. Elle ne l'avait plus jamais ôtée. Quand la cordelette s'usait, elle en changeait. Sa main caressante était si proche de sa gorge qu'elle en ressentait la chaleur troublante. Par le biais des regards, une joute silencieuse s'ensuivit. Elle dura une éternité pour Hélène. Pierre en sortir vainqueur, car la jeune femme détourna ses yeux, tentant à nouveau d'échapper à l'emprise impérieuse du seigneur.
- Soit, je vais te laisser puisque tu le désires, mais nous n'en avons pas terminé. Je me charge de te rafraîchir la mémoire, sois sans crainte. Je gage que je vais y arriver sans trop de peine.
Confuse, Hélène s'échappa de ses griffes et s'enfuit sans se retourner. Au moment de sortir, elle entendit le rire cristallin qui n'avait pas changé depuis l'enfance, puis une petite phrase qui la bouleversa.
"Tu m'as manqué, Hélène."