Entretien avec Matthieu Corpataux, créateur du projet et directeur
Quel est le but de la revue littéraire L'Épître?
L'idée de base de cette plate-forme était de permettre aux écrivains romands de tout âge d'expérimenter la rédaction de textes. Ces productions seraient visibles non seulement sur un site dédié à la littérature, mais bénéficieraient aussi d'un retour critique.
Comment cela se passe-t-il?
Sur une équipe de 10 professionnels en Lettres, à tour de rôle, quatre personnes lisent ces textes, les commentent afin d'aider les auteurs-trices à progresser et à améliorer notamment leur style, qu'il s'agisse de proses ou de poésie.
Quels types de personnes vous envoient des textes?
Tout le monde. Mais c'est vrai que du côté des jeunes de 17 à 25 ans, nous percevons un grand besoin de se confronter à un avis professionnel. J'en ai fait moi-même l'expérience. Adolescent, j'aimais déjà écrire, mais sans l'avis d'un professionnel, je n'avais aucun moyen de m'améliorer. Les personnes plus chevronnées nous soumettent des textes dans des genres qu'ils désirent expérimenter.
Après le succès de la revue en ligne, vous avez créé une revue papier du même nom. Recevez beaucoup de textes?
Au début, nous arrivions à gérer le flux sans trop de difficultés. Mais en 2017, à la suite du reportage de la RTS sur la revue, nous avons été submergés. Un choix s'est donc offert à moi: soit renoncer au projet, soit devenir professionnel. Ce qui impliquait de rétribuer mes contributeurs afin qu'ils puissent réserver du temps pour faire ce travail. Mon équipe et moi avons donc lancé une campagne de crowdfunding et nous avons récolté quelque 30'000 francs. Cependant, pour pérenniser ce projet, il nous fallait des apports de fonds réguliers. Nous avons donc déposé des demandes de subventions notamment, auprès de Pro Helvetia, de la Fondation Michalski, du Service culturel de l'État de Fribourg... ce qui m'a permis de rémunérer mes collaborateurs d'une façon modeste, soit sous forme de défraiement et de petits bonus.
Comment votre aventure va-t-elle se poursuivre?
Portés par ces soutiens, nous avons eu envie de développer des activités autour de la littérature telles que: lectures publiques, rencontres, ateliers d'écriture... Nous avons élaboré un programme et maintenant, chaque année, nous organisons 10 à 15 ateliers d'écriture, des lectures-performances avec des comédiens-nes ou simplement avec des auteurs-trices. Nous mettons aussi ponctuellement sur pieds des événements un peu plus originaux comme une performance de texte: des auteurs sont confinés dans une cabine téléphonique à tour de rôle pour rédiger un texte sur la demande des passants. Nous avons aussi organisé une exposition littéraire. En 2021, nous avons décidé de développer les résidences d'écriture avec le Théâtre des Osses.
Tout récemment, L'Épître a été choisi par La CIIP (conférence intercantonale de l'instruction publique) en tant que lauréat de "Livre+" à l'échelle romande. Nous avons reçu des enveloppes de promotion pour la lecture, allouées pour les trois prochaines années. Ceci dans le but de nous offrir les moyens de poursuivre et développer nos activités.
Entretien mené par Anne-Catherine Biner, rédactrice webliterra.ch
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