Editions Slatkine, Genève 2023
Roman
1477. Alliée de Charles le Téméraire dans les Guerres de Bourgogne, la Savoie est en mauvaise posture après les défaites, face aux Suisses, de Grandson, Morat et Nancy. Vainqueurs, les Confédérés en veulent plus et menacent d’attaquer et de piller l’opulente cité de Genève gouvernée par le prince-évêque Jean-Louis de Savoie. Afin de maintenir la paix, celui-ci leur promet alors un
tribut de 28 000 écus. Mais la population proteste et traîne à verser l’impôt. Tandis que le maître de Genève se démène pour apaiser les tensions et sauver sa ville, de mystérieux trafics et des vols de bijoux embrouillent la situation. Et lorsque les pêcheurs de Saint-Gervais découvrent un corps dans leurs filets, une jeune cavalière audacieuse de 22 ans, Antoinaz de Blonay aidée de quelques amis proches, mène l’enquête. Parviendra-t-elle à remonter la trace des coupables ?
Avec son roman à suspense, « La pêche mystérieuse », Anne Noschis nous livre une fiction basée sur des documents d’archives, dont le fameux tableau de Conrad Witz, « La pêche miraculeuse. » Elle nous emmène à travers la vie intime de certains personnages, nous rappelant au passage des événements historiques de notre pays. Cette intrigue captivante sur fond de traque policière nous tient en haleine jusqu’à la toute fin. Parmi les nombreux protagonistes, Antoinaz de Blonay se démarque en héroïne attachante, partagée entre la vie contemplative et une existence auprès de celui pour qui son sentiment est « fort et beau ». D’autres hommes et d’autres femmes jouent également des rôles plus ou moins importants dans cette histoire, certains intègres et agréables, d’autres cupides et malveillants, d’autres encore débauchés et sans scrupules. Le récit est ainsi entrecoupé de moments de recueillement, d’instants paisibles et d’épisodes d’actions soutenues. Et pour peaufiner la narration, une belle écriture toute en tournures et mots châtiés de l’époque enchante les amoureux du langage.
Un bon roman, à n’en pas douter !
Recension Marylène Rittiner
Extrait pages 151-152
Le prince de la ville était très en colère, en colère contre le monde, en colère contre lui-même. Comment avait-il pu confier la précieuse sacoche à trois hommes seulement ? Quelle inconscience ! Après les efforts déployés pour obtenir les bijoux de sa belle-sœur, comment avait-il pu se laisser doubler par de vulgaires manants ? Quel balourd il avait fait ! Il devait absolument retrouver le
précieux butin, faute de quoi les Suisses mettraient leur menace à exécution : attaquer et piller la ville. L’équipée de la Folle vie était dans toutes les mémoires : sur un signe de Berne, les corps francs prêteraient main- forte aux troupes régulières des cantons. Et gare au saccage.
Jacques de Savoie n’était pas loin de partager les vues de son frère, mais le temps n’était pas aux regrets, encore moins à la critique ; il fallait unir les forces, identifier les malfaiteurs, les traquer et retrouver les joyaux.