Editions La Vallée, 2022
Voyage poétique au Mont-Athos
Pupilles d'aube est le troisième recueil de Jean-Marc Malbois, poète valaisan sensible et très apprécié des amateurs de lettres exigeants.
L’auteur sédunois nous propose la découverte d’un centre de spiritualité de haute teneur, en Grèce, au Mont Athos. Jean-Marc Malbois s’y est rendu à plusieurs reprises et y a découvert un haut lieu de prière, de méditation, de recentrage sur soi.
Sur les pentes d’une montagne aride, jaillie de la mer Egée, vingt monastères isolés, dont certains sont arrimés à la falaise, reçoivent les pèlerins à leur liturgie et à leur table...L’état de grâce et de sérénité des moines parle aux cœurs à la recherche d’absolu. Ces ascètes de Dieu veulent rester à l’abri des affres de notre société en perpétuant prières et rituels.
Jean-Marc Malbois nous apprend dans « Pupilles d’aube » à partir à la rencontre de ce haut lieu de spiritualité qui demande un dépouillement de soi, un désir de partage et une disponibilité intérieure totale. Dans ces endroits privilégiés les chants, les implorations, les prières, les encensements occupent une place prépondérante et essentielle.
Le recueil de Jean-Marc Malbois s’articule en quatre parties qui nous font vivre la marche vers le Mont Athos et le monastère de Simonopetra, ce Haut-Lieu béni: « Le chemin tournait et montait. Au-delà de la clôture de pierre, le ciel était ouvert. Dans la poussière, nos empreintes de pas allaient vers des rencontres promettant une autre vérité. »
La nature grecque avec ses vignes , ses oliviers, son thym, ses herbes aromatiques... est présente dans les vers de Pupilles d’aube et l’on y voit des « pénitents fourbus parmi les cigales de feu. »
Une approche qui défait le pèlerin de ses contingences et de ses lourdeurs inutiles.
Puis il y a l’accueil au monastère de Simonopetra:
L’hospitalité sereine
des reclus de la Montagne sainte
dissipe le poids du doute et
laisse percevoir cette infinie quiétude
inscrite au plus profond de l’être. »
Une suite de vers pour dire la convivialité, la sagesse, la splendeur du ciel et de la Grâce.
Dans le troisième volet les moines:
s’adressent à Dieu
dans l’immensité de la nuit,
bures sombres,
chapelets d’ébène,
ils lui demandent protection
à l’abri de ses mains.
On retrouve dans la poésie de Jean-Marc Malbois un sentiment de foi profonde, de Présence à Quelqu’un d’infiniment bon et grand, qui soudain se fait palpable:
Se font entendre
les derniers chants sacrés,
les derniers bruissements de lèvres,
puis un pan de velours s’abaisse.
Dieu reste là,
seul le silence suit les religieux.
Les ascètes repartent, ces instants à leur rencontre furent d’une grande densité, comme si l’on touchait du doigt le Ciel, l’éternité , un silence rempli de souffle et de respiration divine.
Puis au quatrième chapitre le retour vers le quotidien avec dans les yeux et dans la tête des instants inoubliables, précieux, essentiels:
Au-delà:
des alignements de capuches, des moines fléchissant la tête,
au-delà:
des incantations nocturnes, des inquiétudes crépusculaires,
il y eut:
des déchirures réparées, des pupilles d’aube,
il y eut:
cette espérance première que nous croyions perdue.
Et le poète de se retirer, de s’en aller doucement vers le monde du quotidien avec dans le cœur et l’âme une foi qui l’accompagne, « elle est entrée en vous » dit-il après ce voyage spirituel si riche au Mont-Athos.
La poésie de Jean-Marc Malbois coule comme une source limpide, fine, délicate, fluide, dans une musique permanente, attachée à la fois au réel et au spirituel, un chant profond qui vous habitera longtemps. A noter l’attachement de l’auteur aux poèmes de Philippe Jaccottet, Jean-Yves Masson ou Béatrice Douvre, une sensibilité à fleur de peau, une ouverture aussi vers une intériorité immensément dense.
Recension par Jean-Marc Theytaz - Journaliste-poète