Guy Mettan, journaliste, homme politique et ancien président du Club suisse de la presse, auteur d’un (Tout) nouveau dictionnaire impertinent de la Suisse et des Suisses (Slatkine, 2019), revient dans deux ouvrages sur son canton d’origine.
Valais. République des glaciers, Bruxelles,
Nevicata, 2021, 90 p.
La collection « L’âme des peuples » comporte une cinquantaine de titres sur des pays, des régions ou des villes : ces petits livres à mettre dans une poche décrivent l’expérience personnelle d’un pays, avec une présentation des paysages, de l’histoire et de la culture. Le journaliste convoque ses souvenirs d’enfance – le réveil à quatre heures du matin avant la montée à l’alpage – et propose une lecture personnelle d’un pays libre « habité » par la montagne, avec un tempérament irréductible, mélange de conservatisme et d’ouverture, de fatalisme face aux difficultés de l’existence mais aussi de résistance face au pouvoir et à l’autorité. Le journaliste remonte la vallée, évoquant villes et régions en suggérant bien « l’esprit du lieu » : Saint-Maurice rappelle « l’heure des pèlerins », alors que Martigny se révèle être « le poumon économique et culturel » grâce à de fortes personnalités ; Sion, « la patricienne », cohabite avec les villes industrielles, Monthey, Sierre et Viège.
Guy Mettan dit son amour filial pour ce Valais tout en ne ménageant pas sa critique, dans des pages bien enlevées, sur la spéculation, le bétonnage, la complaisance pour les pollutions, le clanisme, l’appât du gain, le « traficotage des crus » … (p.42-44). Trois riches entretiens complètent ce portrait subjectif : avec Marie-Thérèse Chappaz pour qui « le Valais est une grande vigne généreuse », avec Jean-Henry Papilloud qui brosse une brève histoire du Valais et Luzius Theler qui analyse les mythes autour du Haut et du Bas-Valais.
Recension par Pierre-François Mettan
Le monde à deux mille mètres. Journal d’un voyageur des cimes, Genève Slatkine, 2021, 248 p.
Après le retrait de son activité professionnelle, Guy Mettan a souhaité arpenter le Valais pendant deux étés et en cinquante-cinq étapes : il part de Saint-Gingolph jusqu’à la Furka, puis revient sur la rive droite, jusqu’à Évionnaz, son village natal, où l’attend la fondue aux tomates familiale « comme il y a cinquante ans » … Le voyage n’est pas de tout repos même si le marcheur bannit toute idée de performance : il faut souffrir, tomber, marcher sous la pluie, dormir là où l’aventure l’amène – l’auteur ne sait pas s’il avait bien raison, faute d’auberge, de se coucher comme un vagabond sur le plancher pour passer la nuit dans la chapelle du Grimsel … Ce dernier avoue modestement vouloir ne donner que le « procès-verbal » de ses journées : or ce livre, placé sous le patronage de Nicolas Bouvier, fait bien plus : il diffuse une sagesse saine, dont les têtes de chapitre donnent une bonne idée : « Le pas fait le chemin » ; « Le chemin fait le voyageur » ; « Et à la fin commence le voyage » …
Le marcheur découvre les joies de la solitude et le plaisir que lui offre la baignade dans les lacs de montagne ; mais il sait aussi créer des liens, fromagers roumains ou étrangers de passage rencontrés dans les hospices ou les gîtes. Le compte rendu est frais et spontané, la langue précise et sobre, tannée par quarante ans de journalisme.
Recension par Pierre-François Mettan