Edition Favre 2024
Pour Judith, avocate et célibataire par choix, le besoin de maternité ne s’est jamais fait sentir. Pourtant, à l’aube de ses 40 ans, ni son métier ni sa vie ne la satisfont encore pleinement, et l’envie d’avoir un enfant commence à vibrer en elle. Comment dès lors appréhender ce sentiment tout neuf ? Comment intégrer cette réalité qui prend toute la place dans son existence ? Et comment en parler à son entourage, et surtout à son compagnon ?
Cependant pour Judith, partager sa vie avec un enfant n’est pas forcément synonyme de grossesse et d’accouchement. Et lorsqu’un vieil ami lui fait part du parrainage d’enfants dans l’archipel indonésien, l’adoption à laquelle elle songe depuis des années sans s’y arrêter vraiment sonne comme une évidence. Débute alors un parcours intimiste où l’espoir et la joie se mêlent aux doutes et aux craintes de l’inconnu. Parviendra-t-elle à gérer autant d’émotions nouvelles avant l’arrivée de la petite Roxana ?
Dans son nouveau roman « Tout commence avec toi », Esther Rotenberg nous transmet en toute simplicité un récit touchant d’amour et d’amitié. Toutefois, elle peaufine son écriture par de belles tournures de phrases et d’amusantes comparaisons. Et c’est par le biais de Judith, héroïne attachante et infiniment positive, que nous découvrons le long et protocolaire parcours de l’adoption. Avec un langage tantôt rationnel pour un sujet sérieux, tantôt plus émotionnel, au fur et à mesure que le projet se concrétise, l’auteure nous plonge dans l’ordinaire quelque peu chamboulé de cette future mère.
Autour d’elle gravitent d’autres personnages des plus importants, ses parents qui lui portent un amour et un soutien indéfectibles, et ses amies, « son trio d’indispensables. »
Et surtout, il y a son amoureux, cet homme qui «ne l’a ni désirée, ni intégrée dans son univers comme chacun des objets qui a pris place chez lui. » Quelle sera alors sa réaction face à ce rêve qui devient de plus en plus essentiel à son bonheur ?
Une question que Judith se posera bien souvent, sans jamais lui imposer quoi que ce soit. Car, avec ou sans lui, elle ira jusqu’au bout, résolument.
Un excellent livre qui parle au cœur.
Recension Marylène Rittiner
Extraits page p. 51- 52
[…] Il (son compagnon) excelle à surprendre. Il sait qu’on parlera de son invitation comme on parle de la guerre, en faisant référence toujours à la dernière. En réalité, il n’a que faire des flatteries et ne cherche pas davantage à impressionner. Il aime avant tout se faire plaisir en partageant cette volupté avec ceux que la démesure n’effraie pas.
Judith a même réussi à élaguer la présence d’une intruse de dernière minute qu’une invitée a cru pouvoir amener pour la distraire d’un chagrin sentimental. Il faut se méfier de ces femmes délaissées qu’on introduit négligemment dans d’autres bergeries au risque de faire dévorer la brebis en place. Elle n’a pas eu de quoi s’inquiéter réellement car cette agnelle-là a su réduire a minima son rôle de rivale dont elle avait par excès amplifié la portée. En fait, avec le recul, puisqu’il faut toujours a posteriori justifier sa mauvaise humeur, ce qui l’a le plus contrariée, c’est cette visite spontanée de certains convives du duplex de leur hôte.
C’était incroyable pour elle de les voir, par petits groupes, cheminer si à l’aise d’une pièce à l’autre et chacun d’y aller de son avis décoratif et de son émerveillement pour les moindres détails qui font l’homme de goût. Elle aurait dû être pourtant flattée d’avoir été choisie par quelqu’un qui pousse l’élégance jusqu’à une sélection sévère de la moindre de ses poignées de porte. Mais voilà, elle sait qu’il s’est montré moins méticuleux avec elle que pour choisir les boutons nacrés de ses placards et qu’elle n’aligne pas forcément tous les critères d’excellence. Elle n’est pas dupe. Elle souhaiterait qu’il la regarde avec la même admiration que celle qu’il réserve à ses volets intérieurs. Mais précisément, il ne l’a ni désirée, ni intégrée dans son univers comme chacun des objets qui a pris place chez lui. Sa présence dans sa vie n’est que conjoncturelle, une espèce de chassé-croisé entre l’ennui qui s’installait dans sa précédente relation et le constat d’une relative attraction pour sa personne. Un « pourquoi pas » amélioré.