Gérard Miège retrace les étapes de la guerre de Religion en France. Nous découvrons la participation active de nombreux Suisses. Notre pays étant pauvre en ressources, beaucoup d’hommes s’engagent comme mercenaires au service de souverains étrangers. Particulièrement chez les rois de France.
La bataille de Dreux en 1562 marque le début des guerres de Religion en France. Les Guises remportent la victoire pour les catholiques au prix de 7 à 8000 morts dont 1000 Suisses. Les combattants suisses se distinguent par leur bravoure durant la lutte mais également à la fin des combats en se comportant de manière moins brutale.
Les batailles et les trêves se suivent. Les soldats sont licenciés puis réengagés. Au début, les soldes suivent, mais les difficultés financières des rois de France entraînent souvent leur non-paiement. D’âpres négociations s’ouvrent pour le versement. Les arriérés s’accumulent, les rancunes aussi.
Les guerres de Religion en France ont également un impact en Suisse. La Réforme a de nombreux partisans. Beaucoup de mercenaires ne veulent plus servir contre leurs coreligionnaires. Il devient plus difficile pour le roi de France de recruter. Un problème se pose. Des Suisses risquent de s’affronter durant ces conflits. Aussi, la diète interdit aux Suisses de s’engager dans des troupes adverses. Comme on va le voir, il est difficile d’empêcher des protestants de s’engager auprès de leurs coreligionnaires. Un exemple : lors de la bataille d’Ivry, 12000 Suisses combattent avec Henri IV et 3000 dans le camp réformé. Les catholiques remportent une victoire nette et se préparent à massacrer les derniers soldats ennemis. Les 3000 Suisses en font partie. Les Suisses demandent au roi Henri IV la grâce pour leurs compatriotes et l’obtiennent.
Certains catholiques suisses s’engagent avec l’Espagne, ennemie de la France. Toutefois, malgré les retards de paiement des soldes, la grande majorité des Suisses restent fidèles au roi de France. Cela créera un lien durable avec la France et une certaine forme de protection..
Le livre reprend divers récits des batailles livrées au cours de ces années terribles. On devine l’admiration qu’éprouvent les Français pour le courage et la vaillance des Suisses. On découvre l’organisation des régiments suisses. En effet, les soldats sont recrutés par un officier qui les commande sur le champ de bataille. A lui d’encaisser les salaires et de payer ses troupes. Le commandant doit veiller à la discipline durant et après les combats. Il faut éviter le pillage, ce qui n’est pas toujours possible. Sur ce plan, les Suisses se montrent modérés.
L’intérêt du livre est de révéler les aspects inconnus des guerres de Religion. On voit l’impact sur le service mercenaire. Certaines formes d’engagement auraient pu provoquer une guerre civile en Suisse. L’intervention de la diète a calmé les esprits et a interdit les engagements de Suisses dans des armées opposées. Même si la décision de la diète n’a pas toujours été respectée, elle a évité maintes luttes fratricides.
Recension par Régis Micheloud