Dieu et l'argent, une parole à oser, Daniel Marguerat

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Dieu et l'argent, une parole à oser

 

 

Daniel Marguerat, Editions Cabédita, Bière (VD), 2013

 

 

Dans ce livre, l’auteur disserte sur l’aspect matériel et spirituel de l’argent. A travers les textes bibliques et parcourant les époques jusqu’à nos jours, il nous parle de la société, des hommes et de leur rapport à la fortune et aux biens. Certaines sociétés ayant vécu avant Jésus-Christ s’étaient déjà dotées de lois destinées  à endiguer les effets de la pauvreté (Deutéronome). Mais l’argent  est aussi une affaire personnelle et la question de son rôle dans la vie de chacun se pose. S’en servir ou être asservi  par lui?

 


Daniel Marguerat nous propose quelques pistes citant des exemples de l’Ancien et du Nouveau Testament. Il approfondit la question sous la forme d’une analyse pertinente. Il détaille  aussi quelques modèles d’utopie qui se sont développés au sein de la chrétienté, soit le « dépouillement radical » et « la communauté des biens » avec une réflexion sur chacun d’eux.  Mais d’autres modèles, moins sévères ont vu le jour déjà du temps de l’apôtre Paul comme « la collecte », « le mécénat » et le « bénévolat ».

 


L’auteur nous donne également quelques indications intéressantes sur la façon de participer au bien commun en respectant nos convictions.

 


Un livre agréable à lire, bien documenté et profond qui nous informe que le questionnement sur la fortune et sa légitimité, ainsi que sur les disparités sociales, est une problématique intemporelle et universelle.


Recension Anne-Catherine Biner

 

 

 

Des chances et des risques, page 21

 


Avec la collecte, le mécénat et le bénévolat, nous ne sommes plus dans la ligne héroïque d’un modèle d’utopie.  A la différence de la pauvreté volontaire ou de la communauté des biens, ces trois modèles de solidarité participent à la construction  de communautés où les inégalités économiques subsistent, mais sont atténués dans leurs effets. Il ne s’agit plus de rompre, de tout quitter, de s’appauvrir pour suivre le Christ, mais de donner ce qui outrepasse le nécessaire. La collecte, le mécénat et le bénévolat illustrent la liberté chrétienne face à l’argent dans des communautés où les croyants font l’expérience d’une solidarité possible et réciproque ; cette solidarité est vécue sous l’inspiration d’un Dieu de grâce qui, par son agir même, en se donnant, fonde la générosité de tous et de chacun.

 

 

 

La part de chacun p. 84-85

 


Disons d’emblée qu’il n’est pas de recette infaillible pour apaiser sa conscience face à la misère du monde. La mendicité, y compris dans la gêne qu’elle provoque, est la face visible du déséquilibre entre riches et pauvres. Quelques pistes de réflexion, néanmoins, aident à sortir de la culpabilité ou de l’agacement. Si personne n’a à porter toute la misère du monde, l’interpellation lancée par ce dénuement exhibé n’épargne personne non plus.
Car même en dehors de toute référence chrétienne, chaque société a une dette sacrée à l’égard de ses membres dans le besoin. Le judaïsme comme l’islam le proclament aussi. Chacun est convoqué à adopter face à la misère une position juste, c'est-à-dire une position ajustée à ses convictions et à sa situation.

 

 

 

L’auteur

Daniel Marguerat a exercé son ministère de pasteur dans le canton de Vaud. Il a également enseigné le Nouveau Testament à l'Université de Lausanne où il est professeur honoraire.  Spécialiste reconnu pour ses travaux sur les origines du christianisme, il rayonne bien au-delà de son pays.