Le Diadème
Danielle Berrut , roman, Editions Pierre-Philippe 2018
Alésia, jeune orpheline a été placée la ferme de Maître François. Elle ignore tout de ses parents, mais les réflexions cruelles de ses patrons et leur méfiance envers elle, la blessent profondément. Cependant l’amitié des deux enfants de la famille la réconforte quelque peu.
Le temps passe, l’enfant devient jeune fille et le mystère de son passé s’épaissit. Quelque chose de terrible a dû avoir eu lieu. Alésia le sent dans le comportement de son entourage. Ses questions naïves embarrassent Dame Margaux et surtout Maître François. Contrariés par l’amitié que leur fille manifeste à l’orpheline, et jaloux de l’influence qu’elle a sur celle-ci, ses patrons décident de séparer les deux adolescentes. Alésia est envoyée en place chez le Chanoine de Praz du chapitre de Lausanne.
C'est dans cette ville, après une curieuse rencontre, et de nombreuses péripéties que son passé se dévoile. Elle découvre la tragédie qui a détruit sa famille d’origine et le fait que les gens de la ferme y sont intimement liés.
Cette histoire émouvante se déroule dans le contexte historique du Pays de Vaud au 16e siècle (sorcellerie, dévotion….)
Extrait, chapitre VI – pages 57-58
Printemps 1532
La dernière nuit à la ferme. Alésia ne dort pas. Elle écoute les rumeurs de la campagne, la respiration de Marguerite, les meuglements du bétail dans l’étable… Elle ne veut rien manquer et se souvenir de toutes les sensations qui ont fait sa vie jusque-là. Le glapissement soudain d’un renard solitaire perce la nuit. Ou bien est-ce la plainte d’une âme errante ? Ce qu’Alésia sera dès le lendemain, une fois perdue dans le dédale de la grande ville.
Et voilà les premiers pépiements. Bien avant le lever du jour. « Ils annoncent de grands changements pour moi, mais qui s’en soucie. » pense-t-elle. Alors un tremblement s’empare d’elle. Elle essaie de desserrer ses mâchoires, douloureusement crispées, mais n’y parvient pas. Inutile de réveiller Marguerite, elle ne peut plus rien pour elle. D’ailleurs, celle-ci a-t-elle dormi ?
Quelqu’un frappe à la porte. Trois coups. Dame Margaux, sans doute, qui ne voudrait pas que l’ « orpheline » rate le passage de la voiture allant à Lausanne. Alors Alésia se lève en grelottant, enfile des couches d’habits sur son chainse et ses chausses, sans oublier d’attacher à son cou une médaille étrange, un cœur dont il ne reste qu’une moitié. C’est un cadeau que la Guille lui a offert la veille, quand elle s’est empressée d’aller lui dire au revoir en cachette : « Prends cela, petite, cette médaille te protégera où que tu ailles ! » Une lettre unique, un P, figure au revers. « Je ne sais pas ce qu’il signifie. » a répondu la vieille dame quand Alésia lui a demandé le sens de cette lettre.
- Alésia… Enfin, la voix de Marguerite à côté d’elle. Alésia, je ne t’oublierai jamais. On va se revoir, je te le promets. Je ferai tout pour ça…
Les adieux sont brefs. Le temps est court et surtout il faut éviter les larmes.
A peine a-t-elle bu son bol de lait chaud qu’Alésia entend teinter les grelots. Dame Margaux lui tend un baluchon :
- Voilà quelques provisions pour le trajet. Et un petit fromage à offrir à monsieur le chanoine à ton arrivée.
Une tape sur l’épaule et la porte se ferme sur ses talons. Longfil traverse justement la cour et la croise avec ses grands yeux rêveurs.
- Bon vent, petite damoiselle. Et que le Ciel veille sur vous et vous protège des malheurs qui ont frappé votre famille !
Alésia s’arrête, interloquée : « Qu’a-t-il-dit ? » Mais à peine s’est-elle ressaisie qu’elle voit Longfil s’engouffrer dans l’étable et il ne lui reste plus qu’à franchir le portail, lourde de questions…
L'auteure
Danielle Berrut est née à Morgins (VS). Passionnée de littérature, elle fait une licence es lettre à l'Université de Fribourg. En 2013, son premier recueil de nouvelles sort aux Editions Xénia. La plume alerte, elle récidive bientôt. Le Diadème est son deuxième roman.