Éditions de L’Hèbe, 2022
Ron, jeune rêveur des années 90 et passionné d’aventures ne cesse de s’inventer des histoires improbables qu’il partage avec ses copains. Un jour, il tombe sur un article parlant d’une cabine téléphonique en plein désert, avec un numéro d’appel. Une idée géniale pour ce « fou joyeux, plus doux que dingue », une « merveille d’absurdité poétique » imaginée par un esprit supérieur. Puis, une évidence pour Ron, retrouver absolument cette cabine située au milieu de nulle part. Mais comment faire avec peu d’indices et internet qui n’en est qu’à ses balbutiements ? Composer le numéro sans relâche et espérer qu’on lui réponde ? Ron veut y croire. Grâce à sa ténacité, un jour Maria décroche. Où le mènera cette quête insolite ? Et ses amis à qui il raconte ses chimères, le suivront-ils dans cette nouvelle lubie ?
Avec son nouveau roman, La Cabine, Éric Bulliard nous emmène dans un récit inspiré de faits réels. Oui, la Mojave Phone Booth a bel et bien existé, tout comme certains personnages qui tournent autour de son histoire. Voilà donc pour l’auteur la trame toute tracée d’une aventure déjantée dans laquelle Ron, son héros hyperactif, attachant et un peu loufoque, nous invite à découvrir un pan historique du désert de Mojave, en Californie. Nous ne pouvons que le suivre, entraînés par son enthousiasme sans faille. Puis, par le biais de Maria et de son mari Chuck, habitants enracinés dans cette contrée hostile, Éric Buillard nous décrit avec justesse cette « immensité grisâtre », son « silence épais », mais aussi sa « douceur familière » que « ceux des villes ne comprennent pas. » Pourtant, au fil du récit, une complicité inattendue se tisse entre Ron qui a grandi dans la modernité, et Maria vivant depuis toujours dans cette région désertique. Il aura suffi d’une sonnerie insolite et d’une conversation saugrenue dans ces espaces inhabités pour faire revivre la Mojave Phone Booth, le temps de quelques années. Un roman intéressant et passionnant tout à la fois, car son thème est original, et l’engouement suscité par cette étrange cabine explose de manière extraordinaire. Recension Marylène Rittiner
Extrait p. 65-66
Quand il a raccroché, Ron n’a pu retenir un cri de joie. Il a parlé à quelqu’un, au milieu du désert, c’est incroyable, non ? Il a réussi et il se réjouit déjà de voir la tête de Ralph quand il va l’apprendre. Tu vois, je t’avais bien dit qu’un jour quelqu’un répondrait ! Il aurait aimé prolonger la conversation avec Maria, lui demander tellement d’autres choses auxquelles il ne pense que maintenant : ont-ils des enfants ? Si oui, vont-ils à l’école ? Et comment font-ils pour y aller ? Elle a dit qu’elle espérait rouvrir la mine, qu’est-ce qui l’empêche ? Pourquoi rester là-bas, s’il n’y a plus rien à faire ? Il rappellera, c’est sûr, jusqu’à ce qu’elle réponde à nouveau. Ou son mari…. Surtout, il le sait, désormais, et il en fait le serment muet : un jour, il ira dans le désert et il trouvera la cabine.
En attendant, il pense tout à coup que, parmi toutes les questions qu’il a oublié de poser à Maria, il y en avait une au moins qui était vraiment importante.