Agnus Dei, Julien Sansonnens

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Edition de l'Aire 2024

 

La Broye fribourgeoise à la fin des années 30. On sent venir la guerre. Les gens discutent dans les cafés, certains regardent avec bienveillance les nouvelles venues d’Allemagne. Pour d’autres, le bolchévisme rouge constitue un grand danger. La vie paysanne se déroule au rythme des travaux des champs. La foi catholique domine les populations et l’Eglise jouit d’un grand prestige. Les générations se suivent et pratiquent les mêmes activités. On vit en petite communauté, le village de Gletterens compte environ 200 habitants. Le bal du samedi soir est l’une des rares distractions.


Jeune forgeron,Marcel C., participe à la vie du village et assiste au bal comme tous ses camarades. Très solide physiquement, il manque de finesse et n’attire pas la sympathie des gens. En 1938, il se marie avec Jeanne-Sarah, jeune fille de St-Aubin. Très vite, le petit Michel naît. La mobilisation est décrétée en Suisse et Marcel C. doit partir pour son service militaire. Suite à un accident domestique, il est libéré et rentre au village. En 1941, Christiane vient au monde. Marcel C. reçoit un nouvel ordre de marche de l’armée. À son retour, l’attitude de sa femme a changé. Elle est plus distante. Christiane donne du souci à ses parents. Marcel s’énerve, crie et brise parfois des objets.


Un troisième enfant, Marie-Claire, est né quelques mois auparavant. Marcel C. ne la verra qu’en de rares occasions. Un jour de 1944, les services sociaux lui retirent la garde de ses deux filles. Des signalements anonymes ont dénoncé l’état lamentable du ménage C., la saleté de la maison. Marcel n’ose bientôt plus sortir. Il sent le regard des autres. Peu à peu, sa vie devient un enfer et se terminera en drame.

 

L’auteur relate un fait divers réel. Il retrace bien l’ambiance de l’époque. Un petit village, des rumeurs qui enflent et provoquent des drames. On ne doit pas montrer ses faiblesses et les problèmes restent cachés. Personne n’ose en parler. Ce soupçon qui se développe va conduire un homme fragile à commettre un acte terrible. L’auteur décrit bien l’atmosphère qui règne au sein de cette communauté, il relève les petites lâchetés qui pourrissent la vie des gens.


Le texte est écrit dans un style agréable. C’est un plongeon dans un passé récent que l’on fait avec plaisir.

 

Recension Régis Micheloud