Rachel Maeder

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Je suis née à Lausanne en 1978. Très jeune, je me suis sentie attirée par l'histoire ancienne et l'Egypte. C'est cette passion qui m'a poussée à faire des études d'Egyptologie. J'ai obtenu mon Master d'Histoire des Religions antiques et d'Egyptologie à l'Université de Genève en 2004. Ensuite, ma fille est venue au monde. J'ai mis alors ma passion entre parenthèse et je me suis lancée dans la céramique.

 



C'est seulement après la naissance de mon fils en 2007 que la nécessité d'écrire m'est apparue comme une évidence. J'ai concilié alors ma passion pour l'Egypte et les romans policiers pour élaborer mon premier livre, Le Jugement de Seth. Depuis, je ne m'arrête plus d'écrire tout en continuant en parallèle la céramique.

 

 

 


Le Jugement de Seth, résumé

 

 

Université de Genève, Département des Antiquités. Un chercheur est retrouvé mort dans la salle des archives d'Egyptologie, écrasé entre deux rayonnages coulissants. Pourquoi a-t-on tué si sauvagement ce jeune homme brillant et apparemment sans histoire? Jorge, le compagnon de la victime, et Michael Kappeler, ami archiviste, vont vite devenir les suspects principaux. Michael va alors tenter de mener sa propre enquête. Mais entre la police qui le surveille de près et l'assassin qui rôde, le chemin est semé d'embûches.

 



Extrait

 

Genève, vendredi 29 octobre 2010
 

 

Je l'ai fait. Plus rien ne sera comme avant. Je ne sais pas ce qui s'est passé pour en arriver là. J'étais là, debout, immobile, dans la lumière froide du dépôt des Archives de l'Université de Genève. Même si l'air glacial de la pièce me transperçait les os, je sentais ma transpiration couler le long de ma colonne vertébrale. Mon destin se trouvait là-bas, au milieu de ces rayonnages coulissants, croulant sous les documents. Je sentais au plus profond de moi que si je décidais de fuir, j'allais à ma perte. Mais si je restais... je ne sais pas... je perdrais peut-être mon âme. Quoi qu'il en soit, il était trop tard pour reculer. Je fis alors un pas. Puis un autre. Je ne le voyais pas encore, mais je savais qu'il était là. Il m'attendait. Je frissonnais. Mes mains tremblaient, mais je m'obligeais à les ignorer. Ce n'étaient pas elles qui allaient empêcher d'accomplir le . J'avançai lentement. Je voulais prendre mon temps, mais plus je m'approchais, plus mes jambes semblaient vouloir fuir. Je résistais. Sans bruit, je continuai mon chemin.

SOUDAIN, IL APPARUT LÀ, DEVANT MOI. L'HOMME ÉTAIT ACCROUPI ET ME TOURNAIT LE DOS. APPAREMMENT, IL NE M'AVAIT PAS ENTENDU, TROP ACCAPARÉ PAR SA LECTURE. MÊME À 1 HEURE DU MATIN, DANS UNE PIÈCE QUI RESSEMBLAIT À UN TOMBEAU, IL NE POUVAIT S'EMPÊCHER DE LIRE. C'ÉTAIT PLUS FORT QUE LUI. A FORCE, IL AVAIT L'ALLURE D'UN SAVANT FOU. MAIGRELET, BOSSU, LUNETTES RONDES, CHEMISE USÉE. RIEN QU'À LE REGARDER, IL M'AGAÇAIT. UNE ENVIE DE L'ÉCRASER COMME UN VULGAIRE CAFARD M'ENVAHIT ALORS. JE LE CONTOURNAI, SANS ME FAIRE VOIR. JE M'APPROCHAI D'UNE MANIVELLE. COMPTANT JUSQU'À TROIS, JE >A DESCENDIS DE TOUTES MES FORCES. UN VACARME MÉTALLIQUE ÉPOUVANTABLE ENVAHIT ALORS LE DÉPÔT. LE JEUNE HOMME SE RETOURNA ET ME REGARDA SURPRIS. IL ESSAYA DE SE LEVER MAIS LE RAYONNAGE COULISSANT ARRIVA À GRANDE VITESSE ET L'ÉCRASA DANS UN BRUIT D'OS QUI SE CASSENT. MON CORPS ÉTAIT PARCOURU DE TREMBLEMENTS VIOLENTS. JE DUS ME RETENIR POUR NE PAS M'EFFONDRER. JE SUS, À CET INSTANT, QUE CE SON ALLAIT ME POURSUIVRE TOUTE MA VIE. SON REGARD ÉGALEMENT. UNE FRACTION DE SECONDE AVANT DE DISPARAÎTRE, SES YEUX FIXES M'AVAIENT DEMANDÉ: POURQUOI? POURQUOI JE LUI FAISAIS CELA? IL N'Y AVAIT AUCUNE RAISON, NOUS ÉTIONS AMIS. LE SILENCE ÉTAIT TOTAL. JE M'APPROCHAI DOUCEMENT, LUTTANT POUR NE PAS TOMBER À CHAQUE PAS. IL ÉTAIT LÀ DEVANT MOI, LE CORPS BRISÉ EN MILLE MORCEAUX, UNE MARE DE SANG COULANT SUR LES RAILS. LA MORT DANS TOUTE SON INFAMIE, DANS TOUTE SA SPLENDEUR. A-T-IL SOUFFERT? JE N'EN SAIS RIEN. EN VÉRITÉ, JE M'EN FOUS ROYALEMENT. JE M'AGENOUILLAI ET LUI FIS MES ADIEUX, SANS M'ATTARDER. ON NE S'ATTARDE JAMAIS AVEC LES MORTS. JE REBROUSSAI ALORS CHEMIN, SANS ME RETOURNER. PENSERA-T-ON À UN ACCIDENT? JE NE LE PENSE PAS. UNE MANIVELLE NE PEUT PAS DESCENDRE TOUTE SEULE. CE N'EST PAS IMPORTANT. JE ME SENS BIEN, TRÈS BIEN MÊME. JE SUIS MAÎTRE DE MON DESTIN. JE SUIS INVINCIBLE.



Le jugement de Seth, Rachel Maeder éditions Plaisir de lire, 2012.

Site de l'éditeur: Plaisir de Lire