Lucienne Serex

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Lucienne Girardier Serex, originaire de Rochefort, est née à Bronxville (USA) en 1961. Romancière, médiéviste et conteuse, elle dirige depuis dix ans le Mouvement littéraire Les Lundis des Mots à Neuchâtel. Elle a publié trois romans historiques, dont un sur Friedrich Schiller, retraçant les quelques mois pendant lesquels il pensait ses « Lettres sur l’éducation esthétique de l’humain ».

 

Elle a composé des paroles de chansons, publié deux recueils de poèmes en collaboration avec des photographes, monté des courts-métrages, dont un sur un Centre de requérants d’asile. Son deuxième film a participé au Festival Courge-métrage 2015 et le troisième à la Semaine de la Langue Française et de la Francophonie 2016. Elle a donné des cours de Gestion de projets dans le cadre de l’Académie de Meuron à Neuchâtel.

 

Dans une autre vie, elle a créé des mécanismes de montres pour le Swatch group, participé aux sessions de l’ONU, dirigé une ONG, animé des camps de jeunesse, soutenu des projets patrimoniaux. Ayant terminé un Master en Littérature Médiévale, elle s’adonne à l’écriture et répond en indépendante à des mandats dans ses divers domaines d’intérêt.

 

 

 

Parutions

 

 

  • Le secret d’Aymon de Belligny, croisé bourguignon, roman historique, préface P-L. Dubied, Ed. Cabédita, Yens, 2001
  • Hôtel du Faubourg, chansons en collaboration avec Rodrigo Carrizo Couto, CD 2004
  • Envie d’envol, recueil de poèmes et de photographies, en collaboration avec Rodrigo Carrizo Couto, Ed. In Octavo, Paris 2007
  • Le sourire de Schiller, histoire d’un tableau de Ludovike Simanoviz, portraitiste au XVIIIe siècle, roman historique, Ed. In Octavo, Paris, 2009
  • La vallée du Temps, roman d’espionnage industriel, Ed. Mon village, Sainte-Croix, 2010
  • Fenêtres sur le temps, le pays de Neuchâtel, poèmes et photographies en collaboration avec Michaël Mattsson, préface de J-P Jelmini, Editions Slatkine, Genève, 2011.

 

 

 

Courts-métrages

 

  • L’asile c’est fou ! Plateforme asile de l’EREN, 2013
  • Regarde chuchoter les arbres, Courgemétrage festival, 2015
  • La reine de cœur, jeu connecté, SLFF 2016
  • Les mains d’or, sortie en septembre 2018.

 

 

 

Mais encore...

 

  • Contributions à des ouvrages collectifs, notamment in Mémoires d’eau, Bacchanales N° 40, Revue de la Maison de la poésie Rhône-Alpes, Grenoble 2006 ; poèmes parus dans : La Porte des Poètes, Paris 2004 ; le Persil, Lausanne, 2005, 2012 ; Gourmandises poétiques, Editions du Lac, Neuchâtel 2006 ; Manuels techniques en 2002 et 2003
  • Membre des Autrices et Auteurs de Suisse (au comité de 2008 à 2013)
  • Membre de l’Association des Ecrivains Neuchâtelois et Jurassiens
  • Membre du PEN club international, section suisse romande
  • Présidente de l’association des Lundis des Mots à Neuchâtel depuis sa fondation en 2008
  • Membre de la commission culturelle consultative de la ville de Neuchâtel
  • Lauréate du prix ROMO 2009 ; Prix d’excellence des Alumni de l’Université de Neuchâtel 2013 ; membre du jury du prix Bachelin 2016.

 

 

 

 

Coordonnées

 

lucienne.serex@bluewin.ch
Compte Linkedin
Site personnel,  www.e-lgs.ch

 

Sites associatifs


Les Lundis des Mots -  Les Biviades,

 

 

 

 

Le sourire de Schiller (Extrait)

 

 

Nous étions chez Danneker. Je le reconnaissais au portrait que m’en avaient fait mes frères ainsi que mon maître Guibal, qui voyait en lui un incontestable talent. Physiquement, il est l’exact inverse de Friedrich. Noiraud, aux sourcils fournis, les traits marqués, le nez fort, la bouche épaisse, une fossette au menton. Mais ses yeux brillent d’un même éclat. Ces deux hommes viennent du même monde. Ce sont des frères.

 


On sentait entre eux une connivence masculine. Schiller, foncièrement à l’aise se comportait dans l’atelier de son ami comme s’il était chez lui alors qu’il n’entrait dans mon appartement qu’avec respect et dignité. Il se laissa tomber sur un sofa et allongea les jambes, pendant que Danneker me débarrassait de mon manteau.
-    C’est son anniversaire et je voudrais que tu lui montres le buste, dit-il en se relevant.
-    Il n’est pas terminé !
-    Son tableau à elle non plus n’est pas terminé, elle sera indulgente.

 


Danneker s’exécuta, il dénoua avec précaution les chiffons qui entouraient son œuvre. Il découvrit un buste de porcelaine encore humide et qui devait lui servir de « carton » pour une sculpture en marbre. Il en était au même point que moi. Tout était terminé, sauf la dernière patte, le léger détail qui donne la finesse et l’éclat. Malgré tout, Schiller habitait la sculpture, il était déjà là en force et en inspiration, d’une beauté terrible qui me frappa et m’inspira un infini respect pour l’artiste. C’était un buste mâle, empreint de détermination, le menton volontaire, les sourcils proéminents et relevés comme ceux d’un conquérant. C’était un Schiller radicalement différent de celui que j’avais moi-même représenté et pourtant en tous points semblable. Danneker avait sculpté son génie, moi, j’avais peint son amour. Incontestablement, le buste de Danneker avait plus d’avenir que mon tableau. Il était fait pour la gloire, moi, j’avais travaillé pour la famille. Mais je ne le regrettais pas. Schiller était un homme double, complexe. Seul l’amour permettait de mettre en scène l’ambiguïté de sa personnalité. Comme Schiller le disait de la beauté qui se trouve à la limite de la raison et du sentiment, l’amour se trouve à la frontière de la force et de la fragilité.

 


Le Schiller de Danneker pouvait conquérir le monde, le mien conquerrait les cœurs.
Comme tous les artistes, Danneker n’était pas satisfait de son œuvre. Au même point que moi, on le sentait avide de procéder à des retouches qu’il ne tentait pourtant pas. Un tel travail demande du temps, de l’énergie, de la disponibilité. Un chiffon à la main, il tournait autour du buste, laissant glisser la lumière sur les volumes auxquels elle prêtait vie. Je suivais son regard, jouant avec les ombres et les reflets. Son œil était celui d’un prédateur, sa main, celle d’un amant.

 

 

 

Envie d’envol

 

 

Qui es-tu, petite femme
Avec ton grand chagrin ?
Toi qui souris encore
Avec tes beaux yeux noirs
Avec des larmes au bord.
Et voilà ta fille
Qui est grande et belle
Et toi qui te dis
Qu'allons-nous devenir
Egarées dans les pièges
De ce chemin d'exil ?

 

 

Il est noir ton chagrin
Et tes cheveux équestres
C’est le récit d’un drame
C’est le destin d’un peuple
C’est le lot d’une femme.
Et voilà ta fille
Qui est grande et belle
Et toi qui vois bien
Qu’elle n'a pas d'avenir
Dans ce pays de neige
Que l'on disait d’asile