Gabriel Bittar

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Du Nil aux Alpes

 

« Je laisse souvent mon esprit vagabonder… Je l'arrête parfois et lui demande: "D'où viens-tu ?"

Il me répond, invariablement : "De la langue française. Elle m'a conçu, et nourri". »

 

 – G. Bittar, De la langue française, #1 in Pensées pour une saison – Hiver

 

 

Aussi loin que remonte ma mémoire, j'ai toujours ressenti de l'amour pour les livres et les animaux. Je suis né en 1959 à Khartoum, là où le Nil Bleu et le Nil Blanc se rejoignent. J'y ai vécu les onze premières années de ma vie, à flotter sur plusieurs langues. Il y avait toutefois une langue très particulière, le français, qui me plaisait par sa structure grammaticale rigoureuse et sa richesse d'expression.

 

 

« […] Cinq matinées par semaine notre mère, gardienne du temple du savoir, nous dispensait […] des cours intensifs d'instruction primaire. […] elle nous instruisait à tour de rôle, par petites séances, chacun faisant l'exercice assigné pendant qu'elle prodiguait son enseignement à l'autre. Nous bénéficiions de la structure éducative par correspondance de cette extraordinaire institution française qu'était le CNTE (nom à l'époque du Centre national d'enseignement à distance). C'est notre mère qui nous a appris à lire, écrire, compter et calculer, nous inculquant aussi l'histoire et la géographie. […] »

 

 – G. Bittar, Le Petit du Chaperon Rouge, #104 in Pensées pour une saison – Été

 

 

La Suisse énigmatique, que j'avais découverte au cours de séjours d'été, m'accueillera pour les vingt-sept années suivantes ; elle me permettra de recevoir plusieurs formations universitaires, et de rencontrer celle qui deviendra mon épouse. Je lisais sans cesse, mais relativement peu d'écrits au total, car je lis et relis, lentement et attentivement.

 

 

« […] peu après mon entrée à l'université, je connus un deuxième choc cognitif […] à la lecture [de] La Voix du Maître. […] Chaque page se révélait l'occasion d'une intense réflexion philosophique et scientifique sur les phénomènes du vivant et leur caractère essentiellement insolite, sur les difficultés de fonctionnement de l'intelligence, et sur l'immensité écrasante de l'univers. D'une profonde méditation sur les pièges cognitifs, intellectuels et émotionnels auxquels l'on se trouvait confronté lors d'une telle réflexion.

 

[Stanislaw Lem prenait] patiemment le lecteur par la main pour le guider dans un véritable labyrinthe dont on ne [savait] trop s'il [était] naturel… mais qui [révélait], en tout cas, un dédale mental singulièrement déroutant. »

 

 – G. Bittar, Missa aeterna, #127 in Pensées pour une saison – Printemps

 

 

Aimant la nature et les êtres qui l'habitent, j'opterai ensuite, pendant dix-sept ans, pour une vie au grand air, sur une île au large de l'Australie, tout en faisant la navette avec la Suisse où je continuais d'enseigner à l'Alma Mater. J'avais toujours en poche les pensées de l'un ou l'autre auteur profond.

 

 

« Un bon petit livre est un jardin dans la poche du voyageur. »

 

 – G. Bittar, Un bon petit livre, #1 in Pensées pour une saison – Printemps

 

 

Je me suis mis à écrire, à ma façon :

 

« Mes écrits se constituent suite à des erreurs nécessaires, par là ils portent des vérités accidentelles. Ce n'est pas si simple à réaliser…

 

Il me faut alternativement me laisser flotter, puis me concentrer fermement, dans un exercice assidu et un équilibre délicat, pour mettre les déesses Tyché, Ananké et Thémis – la triade animant le monde – toutes les trois de mon côté. La chance, la nécessité, la balance.

 

Enfin, parfois de mon côté… Quand elles le veulent bien. « Perché… la donna è mobile ! »

 

 

 – G. Bittar, Les trois déesses animant le monde, #8 in Pensées pour une saison – Été

 

 

En 2016, mon épouse et moi prenions notre retraite en Suisse. J'y rencontrai Michel Moret, éditeur singulier et personnage intense, il aima mes libres propos et décida de les publier.

 

Les trois premiers volumes de Pensées pour une saison, par Gabriel Bittar, ont ainsi été publiés aux Éditions de L'Aire :

 

Pensées pour une saison – Hiver (2019)

Pensées pour une saison – Printemps (2020)

Pensées pour une saison – Été (2021)

 

 

On peut en découvrir des présentations ou des recensions, certaines incluant des extraits, sur les pages suivantes:

 

ICAM-L'Olivier

 

Revue Choisir

 

La Liberté

 

Notes de lecture de Patrick Bittar

 

Le blog de Francis Richard

 

Chaque recueil est constitué d'une centaine de libres propos.

 

Les thèmes abordés sont divers et variés : sciences naturelles (physique, chimie, biologie, évolution, éthologie), langage, philosophie, éthique, histoire, économie, psychologie, littérature, musique, observations de vie et sociales…

 

 

Même s'ils sont évocateurs de l'étrange puissance du hasard, ils ont tous été écrits sous l'impulsion de la nécessité.

 

Leur fil conducteur est traduit par la dédicace :

 

 « À tous les êtres que l'on n'écoute pas, que l'on ne regarde pas. À tous les silencieux. »