Christophe Gaillard

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        Né en 1958 à Martigny, licencié es lettres de l’Université de Genève, Christophe Gaillard a enseigné au collège de l’Abbaye de Saint-Maurice et participe depuis quelques années au comité de rédaction de la revue littéraire La 5ème Saison

 

 

Bibliographie

 

 

      Une aurore sans sourire (2015) est sa première publication. Le texte décrit les itinéraires de Chateaubriand, chargé d’affaires dans la République indépendante du Valais. Remonter le cours du Rhône ne va pas sans surprise ! Moine, chambrière, berger, goitreux, député vont l’aider à comprendre le rôle que Bonaparte entend lui faire jouer. Or, ce voyage de 1804, même si toute une tradition littéraire et historique nous parle encore aujourd’hui de “Chateaubriand ambassadeur en Valais”, n’a jamais eu lieu. Il a démissionné avec fracas et au péril de sa vie sans être parti ! Commencent alors son long cheminement vers Venise et la certitude qu’il n’est fait que pour écrire. L’écriture est « une voyageuse de nuit ». C’est donc une fiction, un récit de voyage dans l’histoire, dans des pays aimés, dans une œuvre, dans notre propre imaginaire aussi, qui nous est raconté. Un prétexte à « l’enchantement ».

 

 

      Boabdil et la femme qui pleure (2017) est un recueil de contes espagnols. On nous décrit d’abord une soirée arrosée avec le cinéaste Luis Bunuel. Le deuxième suit le pèlerinage à rebours de deux amoureux sur le chemin de Saint-Jacques ; ils reçoivent des rescapés d’un village catalan à l’abandon l’expérience du renoncement au monde comme un coup de poing dans le ventre. Le dernier raconte la fin tragique d’Inma, une jeune andalouse passionnée, romanesque, mais tourmentée. Le dernier roi musulman, Boabdil, s’est enfui de l’Alhambra en « pleurant comme une femme » dit la légende. On ne quitte pas ce monde aimé et beau sans larme. Ces trois contes disent l’impossibilité de vivre ses rêves d’absolu et l’inévitable désenchantement de ceux que la beauté tourmente. Don Quichotte est grand tant qu’il croit à ce qui n’existe pas. Il délire, il lance au monde ses supplications. Dès le jour où il retrouve son bon sens, il devient triste. Les artistes sont nécessaires. Il faut en effet le génie de Goya ou de Picasso, la ferveur Thérèse d’Avila, de Lorca ou de de Falla pour dire la violence d’un pays beau, violent, profond. La femme qui pleure, c’est l’Espagne.

 

      L’amour des mots, des auteurs et des histoires rassemble les personnages de la pension Bouvier qui semble sortie de La Comédie Humaine. Tous portent un nom de chien et tous, sauf l’auteur – Dieu lui pardonne ! aiment les chiens. Balzac dialogue avec Homère, Racine ou Vaclav Havel ; on se promène à Paris, à Prague, à Séville ; on chante, on entend Beethoven et des psaumes en latin, Brassens et des bruits de bistrot. Chienne de vie magnifique (2018) est un livre sur le livre. C’est aussi la fin d’un monde. Quand les chiens se taisent et regardent désespérément le ciel, on entend les derniers soubresauts du XXè siècle à l’agonie.

 

 

       Que faire quand on est enfermé dans sa chambre, à l’hôpital, en prison et qu’on redoute de n’en sortir que pou mourir ? La glorieuse imposture (2021) se passe pendant la Terreur, on y croise Robespierre, Danton, Sade. La Révolution, qui a fait germer tant d’idées généreuses, se trahit. Les politiciens qui voulaient rester purs risquaient gros en ces temps de gloire et d'imposture, et les femmes qui ne respectaient pas « la dignité de leur sexe » en se mêlant de politique étaient guillotinées. Avec humanité, certes. "Ma machine vous fait sauter la tête en un clin d'œil, et vous ne souffrez pas", disait le bon docteur Guillotin. Heureusement il y a les poètes, les peintres, les belles amoureuses... La glorieuse imposture raconte le séjour du poète André Chénier dans sa cellule de Saint-Lazare alors qu'il attend le couperet ; il meuble sa solitude et transforme son agonie en création.